Micromégas

primo capitolo Viaggio di un abitante del mondo della stella Sirio al pianeta Saturno
Chapitre premier Voyage d'un habitant du monde de l'étoile Sirius dans la planète de Saturne
1.1 | 1.2 | 1.3 | 1.4 | 1.5
secondo capitolo Conversazione tra l'abitante di Sirio e quello di Saturno
Chapitre second Conversation de l'habitant de Sirius avec celui de Saturne
2.1 | 2.2 | 2.3
terzo capitolo Viaggio dell'abitante di Sirio e dell'abitante di Saturno
Chapitre troisième Voyage des deux habitants de Sirius et de Saturne
3.1 | 3.2 | 3.3
quarto capitolo Ciò che capitò loro sul globo terrestre
Chapitre quatrième Ce qui leur arrive sur le globe de la terre
4.1 | 4.2 | 4.3
quinto capitolo Esperienze e ragionamenti dei due viaggiatori
Chapitre cinquième Expériences et raisonnements des deux voyageurs
5.1 | 5.2 | 5.3
sesto capitolo Conversazione con gli uomini

Chapitre sixième
Ce qui leur arriva avec les hommes

6.1 | 6.2 | 6.3 | 6.4 | 6.5 | 6.6

settimo capitolo
Conversazione con gli uomini
Chapitre septième Conversation avec les hommes
7.1 | 7.2 | 7.3 | 7.4 | 7.5 | 7.6 | 7.7 | 7.8 | 7.9


Chapitre septième

Conversation avec les hommes

7.1
« O atomes intelligents, dans qui l’Etre éternel s’est plu à manifester son adresse et sa puissance, vous devez sans doute goûter des joies bien pures sur votre globe : car, ayant si peu de matière, et paraissant tout esprit, vous devez passer votre vie à aimer et à penser ; c'est la véritable vie des esprits. Je n'ai vu nulle part le vrai bonheur ; mais il est ici, sans doute. » A ce discours, tous les philosophes secouèrent la tête ; et l'un d'eux, plus franc que les autres, avoua de bonne foi que, si l'on en excepte un petit nombre d'habitants fort peu considérés, tout le reste est un assemblage de fous, de méchants et de malheureux.

7.1
"O atomi intelligenti, nei quali l'Essere eterno si è compiaciuto di manifestare la sua abilità e la sua potenza, voi dovete certamente gustare gioie anche sul vostro globo; perché, di così poca materia e quasi tutto spirito, dovete passare la vita amando e pensando com'è la vera vita degli spiriti. Non ho veduto in nessun posto la vera felicità, ma qui c'è indubbiamente".

A quel discorso tutti i filosofi scossero la testa; e uno di loro, più schietto degli altri, confessò in buona fede che, salvo un limitato numero di abitanti assai poco stimati, tutti gli altri non sono che un branco di pazzi, di malvagi e di infelici.



7.2
« Nous avons plus de matière qu'il ne nous en faut, dit-il, pour faire beaucoup de mal, si le mal vient de la matière , et trop d'esprit, si le mal vient de l'esprit. Savez-vous bien, par exemple, qu'à l'heure où je vous parle, il y a cent mille fous de notre espèce, couverts de chapeaux, qui tuent cent mille autres animaux couverts d'un turban, ou qui sont massacrés par eux, et que, presque sur toute la terre, c'est ainsi qu' on en use de temps immémorial. Le Sirien frémit, et demanda quel pouvait être le sujet de ces horribles querelles entre de si chétifs animaux. « Il s'agit, dit le philosophe, de quelque tas de boue grand comme votre talon. Ce n'est pas qu'aucun de ces millions d'hommes qui font égorger prétende un fétu sur ce tas de boue. Il ne s'agit que de savoir s'il appartiendra à un certain homme qu'on nomme Sultan, ou à un autre qu'on nomme, je ne sais pourquoi, César. Ni l'un ni l'autre n'a jamais vu ni ne verra jamais le petit coin de terre dont il s'agit ; et presque aucun de ces animaux, qui s'égorgent mutuellement, n'a jamais vu l'animal pour lequel ils s’égorgent.
7.2.
"Abbiamo più materia di quanta non occorra" disse, "per fare molto male, se il male viene dalla materia, e troppo spirito, se il male viene dallo spirito. Sapete per esempio che in questo stesso momento ci sono centomila pazzi della nostra specie, con il cappello in testa, che ammazzano centomila altri animali col turbante, o che sono massacrati da quelli, e che su quasi tutta la terra si fa così da tempo immemorabile?" Il Siriano fremette e domandò quale motivo ci potesse essere per così atroci lotte tra animali così meschini. "Si tratta" disse il filosofo, "di alcuni mucchietti di fango, grandi come il vostro calcagno. E non già che uno solo di quei milioni di uomini che si fanno sgozzare abbia la minima pretesa su quei mucchi di fango. Si tratta soltanto di sapere se devono appartenere a un certo uomo che si chiama Sultano o a un cert'altro che si chiama, chissà perché, Cesare. Né l'uno né l'altro hanno mai veduto né mai vedranno il cantuccio di terra suddetto, e quasi nessuno degli animali che si sgozzano a vicenda ha mai visto l'animale per il quale si sgozzano."

7.3
Ah ! malheureux ! s'écria le Sirien avec indignation, peut-on concevoir cet excès de rage forcenée ! Il me prend envie de faire trois pas, et d'écraser de trois coups de pied toute cette fourmilière d'assassins ridicules. Ne vous en donnez pas la peine, lui répondit-on ; ils travaillent assez à leur ruine. Sachez qu'au bout de dix ans, il ne reste jamais la centième partie de ces misérables ; sachez que, quand même ils n’auraient pas tiré l'épée, la faim, la fatigue ou l’intempérance les emportent presque tous. D'ailleurs, ce n'est pas eux qu'il faut punir, ce sont ces barbares sédentaires qui du fond de leur cabinet ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d'un million d'hommes, et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement.»
7.3
"Ah! infelici!" esclamò sdegnato il Siriano, "come si può immaginare tale eccesso di rabbia forsennata? Avrei voglia di fare tre passi e di schiacciare con tre pedate tutto questo formicaio di ridicoli assassini." "Non datevene pensiero," gli risposero, "ci pensano loro a farsi fuori. Sappiate che entro dieci anni non rimarrà nemmeno la centesima parte di quei miserabili; sappiate che, anche senza sfoderare la spada, la fame, la stanchezza o l'intemperanza li porteranno via quasi tutti. Del resto, non bisogna punire loro: bisogna punire quei barbari sedentari che dal fondo del loro gabinetto comandano, mentre digeriscono, il massacro di un milione di uomini, e che poi ne rendono grazie solo a Dio".

7.4
Le voyageur se sentait ému de pitié pour la petite race humaine, dans laquelle il découvrait de si étonnants contrastes. « Puisque vous êtes du petit nombre des sages, dit-il à ces messieurs, et qu'apparemment vous ne tuez personne pour de l'argent, dites-moi, je vous en prie, à quoi vous vous occupez. Nous disséquons des mouches, dit le philosophe, nous mesurons des lignes, nous assemblons des nombres ; nous sommes d'accord sur deux ou trois points que nous entendons et nous disputons sur deux ou trois mille que nous n'entendons pas. Il prit aussitôt fantaisie au Sirien et au Saturnien d'interroger ces atomes pensants, pour savoir les choses dont ils convenaient. « Combien comptez-vous, dit-il de l’étoile de la Canicule à la grande étoile des Gémeaux ? » Ils répondirent tous à la fois : « trente-deux degrés et demi. Combien comptez-vous d'ici à la Lune ? Soixante demi-diamètres de la terre en nombre rond. Combien pèse votre air ? » Il croyait les attraper, mais tous lui dirent que l'air pèse environ neuf cents fois moins qu'un pareil volume de l'eau la plus légère, et dix-neuf cents fois moins que l'or de ducat. Le petit nain de Saturne, étonné de leurs réponses, fut tenté de prendre pour des sorciers ces mêmes gens auxquels il avait refusé une âme un quart d'heure auparavant.
7.4
Il viaggiatore si sentiva commosso di pietà per la piccola razza umana, nella quale scopriva così stupefacenti contrasti.

"Dal momento che appartenete al piccolo numero dei savi," disse a quei signori, "e che verosimilmente non ammazzate nessuno per denaro, vi prego di dirmi quale sia la vostra occupazione." "Sezioniamo mosche," disse il filosofo, "misuriamo linee, raduniamo numeri, andiamo d'accordo su due o tre punti che comprendiamo e litighiamo su due o tremila che non comprendiamo." Il Siriano e il Saturniano furono subito presi dalla voglia di interrogare quegli atomi pensanti per sapere su che cosa andavano d'accordo.

"Quanto c'è" domandarono, "dalla stella della Canicola alla grande stella dei Gemelli?" "Trentadue gradi e mezzo" risposero tutti in coro.

"Quanto c'è di qui alla luna?" "Sessanta mezzi diametri della Terra, in cifra tonda." "Quanto pesa la vostra aria?" Credeva di coglierli in fallo, ma tutti gli dissero che l'aria pesa circa novecento volte meno che un eguale volume dell'acqua più leggera e diciannovemila volte meno dell'oro zecchino. Il nanetto di Saturno, stupito da quelle risposte, fu lì lì per pigliare per stregoni quegli stessi ai quali un quarto d'ora prima aveva negato una anima.


7.5
Enfin Micromégas leur dit : « Puisque vous savez si bien ce qui est hors de vous, sans doute vous savez encore mieux ce qui est en dedans. Dites-moi ce que c'est que votre âme, et comment vous formez vos idées. » Les philosophes parlèrent tous à la fois comme auparavant ; mais ils furent tous de différents avis. Le plus vieux citait Aristote, l'autre prononçait le nom de Descartes ; celui-ci, de Malebranche ; cet autre, de Leibnitz ; cet autre, de Locke. Un vieux péripatéticien dit tout haut avec confiance : « L'âme est une entéléchie, et une raison par qui elle a la puissance d'être ce qu’elle est. C’est ce que déclare expressément Aristote, page 633 de l'édition du Louvre. Ἐντελεχεῖα ἐστι. « Je n'entends pas trop bien le grec, dit le géant. Ni moi non plus, dit la mite philosophique. Pourquoi donc, reprit le Sirien, citez-vous un certain Aristote en grec ? C’est, répliqua le savant, qu'il faut bien citer ce qu’on ne comprend point du tout dans la langue qu'on entend le moins.»
7.5.
Finalmente Micromegas disse loro: "Dal momento che conoscete così bene quello che sta fuori di voi, certamente conoscerete anche meglio quello che sta dentro. Ditemi che cos'è la vostra anima, e in che modo formate le idee".

I filosofi parlarono tutti insieme come prima; ma tutti furono di parere diverso. Il più vecchio citava Aristotele, un altro pronunciava il nome di Descartes, questo di Malebranche, quello di Leibnitz, un terzo di Locke. Un vecchio peripatetico disse forte e con persuasione: "L'anima è un''entelechia' e una ragione grazie alla quale ha il potere di essere quello che è. Così dichiara espressamente Aristotele, a pagina seicentotrentatre dell'edizione del Louvre: 'Entelecheia esti", eccetera'".

"Non capisco molto di greco" disse il gigante.
"Nemmeno io" disse il verme filosofo.
"Perché mai, allora, citate un certo Aristotele in greco?" ribatté il Siriano.

 


7.6
Le cartésien prit ici parole, et dit : « L’âme est un esprit pur qui a reçu dans le ventre de sa mère toutes les idées métaphysiques, et qui, en sortant de là, est obligée d'aller à l'école, et d'apprendre tout de nouveau ce qu'elle a si bien su, et quelle ne saura plus. Ce n’était donc pas la peine, répondit l'animal de huit lieues, que ton âme fût si savante dans le ventre de ta mère, pour être si ignorante quand tu aurais de la barbe au menton. Mais qu'entends-tu par esprit ? Que me demandez-vous là ? dit le raisonneur ; je n’en ai point d'idée ; on dit que ce n'est pas de la matière. Mais sais-tu au moins ce que c'est que de la matière ? Très bien, répondit l'homme. Par exemple cette pierre est grise, et d'une telle forme, elle a ses trois dimensions, elle est pesante et divisible. Eh bien ! dit le Sirien, cette chose qui te paraît être divisible, pesante et grise, me dirais-tu bien ce que c'est ? Tu vois quelques attributs ; mais le fond de la chose, le connais-tu ? Non, dit l'autre. Tu ne sais donc point ce que c'est que la matière.»
7.6
"Perchè" rispose il filosofo, “bisogna citare bene quello che non si capisce affatto nella lingua che meno si sa." Il cartesiano prese la parola e disse: "L'anima è un puro spirito, che nel ventre della madre ha ricevuto tutte le idee metafisiche, e che uscendone è costretta ad andare a scuola e a imparare ancora tutto quanto ha saputo così bene e che non saprà mai più". "Allora non valeva la pena" disse l'animale di otto leghe, "che la tua anima fosse tanto sapiente nel ventre di tua madre, per poi essere tanto ignorante quando avresti avuto la barba. Ma cosa intendi per spirito?" "Cosa mi domandate mai!" disse il ragionatore, "non ne ho la minima idea: dicono che non è materia." "Ma almeno sai che cosa è la materia?" "Lo so benissimo" disse l'uomo; "per esempio, questa pietra è grigia, e di una forma così e così, ha tre dimensioni, è pesante e divisibile." "Benissimo!" disse il Siriano, "questa cosa che ti sembra divisibile, pesante e grigia vuoi dirmi esattamente che cosa è? Tu ne vedi alcuni attributi; ma l'essenza della cosa, forse, la conosci?" "No" fece l'altro. "Dunque non sai che cosa sia la materia."

 


7.7
Alors Monsieur Micromégas, adressant la parole à un autre sage qu'il tenait sur son pouce, lui demanda ce que c'était que son âme, et ce qu'elle faisait. « Rien du tout, répondit le philosophe malebranchiste ; c'est Dieu qui fait tout pour moi ; je vois tout en lui, je fais tout en lui ; c'est lui qui fait tout sans que je m’en mêle. – Autant vaudrait ne pas être, reprit le sage de Sirius. Et toi, mon ami, dit-il à un leibnitzien qui était là, qu'est-ce que ton âme ? – C’est, répondit le leibnitzien, une aiguille qui montre les heures pendant que mon corps carillonne, ou bien, si vous voulez, c'est elle qui carillonne pendant que mon corps montre l'heure ; ou bien mon âme est le miroir de l'univers, et mon corps est la bordure du miroir : cela est clair.»
7.7
Allora il signor Micromegas, rivolgendo la parola a un altro sapiente che gli stava sul pollice, gli domandò che cosa fosse la sua anima, e che cosa facesse.

"Niente," rispose il filosofo discepolo di Malebranche, "è Dio che fa tutto per me; vedo tutto in lui, faccio tutto in lui, è lui che fa tutto senza che io c'entri." "Tanto varrebbe non esistere" rispose il savio di Sirio. "E tu, amico" disse a un discepolo di Leibnitz: "cos'è la tua anima?" "E'" rispose il leibnitziano, "una lancetta che indica le ore mentre il mio corpo suona; oppure, se volete, è l'anima che suona mentre il mio corpo segna l'ora; oppure la mia anima è lo specchio dell'universo, e il mio corpo è la cornice dello specchio: è chiaro."



7.8
Un petit partisan de Locke était là tout auprès ; et quand on lui eut enfin adressé la parole : « Je ne sais pas, dit-il, comment je pense, mais je sais que je n’ai jamais pensé qu'à l'occasion de mes sens. Qu'il y ait des substances immatérielles et intelligentes, c'est de quoi je ne doute pas ; mais qu'il soit impossible à Dieu de communiquer la pensée à la matière, c'est de quoi je doute fort. Je révère la puissance éternelle ; il ne m’appartient pas de la borner : je n'affirme rien , je me contente de croire qu'il y a plus de choses possibles qu'on ne pense.»
7.8
Un piccolo partigiano di Locke era lì vicino; quando gli ebbero rivolto finalmente la parola, disse: "Non so in che modo penso, ma so che non ho mai pensato che grazie ai miei sensi. Che ci siano sostanze immateriali e intelligenti è cosa di cui non dubito; ma che a Dio non riesca di comunicare il pensiero alla materia, è cosa di cui dubito molto. Venero l'eterna potenza, non tocca a me limitarla; non affermo nulla e mi accontento di credere che ci siano più cose possibili di quanto non si creda".

7.9
L'animal de Sirius sourit : il ne trouva pas celui-là le moins sage ; et le nain de Saturne aurait embrassé le sectateur de Locke sans l'extrême disproportion. Mais il y avait là, par malheur, un petit animalcule en bonnet carré qui coupa la parole à tous les animalcules philosophes ; il dit qu'il savait tout le secret, que cela se trouvait dans la Somme de Saint Thomas ; il regarda de haut en bas les deux habitants célestes ; il leur soutint que leurs personnes, leurs mondes, leurs soleils, leurs étoiles, tout était fait uniquement pour l'homme. A ce discours, nos deux voyageurs se laissèrent aller l'un sur l'autre en étouffant de ce rire inextinguible qui, selon Homère. est le partage des dieux : leurs épaules et leurs ventres allaient et venaient, et dans ces convulsions le vaisseau, que le Sirien avait sur son ongle, tomba dans une poche de la culotte du Saturnien. Ces deux bonnes gens le cherchèrent longtemps ; enfin ils retrouvèrent l'équipage, et le rajustèrent fort proprement. Le Sirien reprit les petites mites ; il leur parla encore avec beaucoup de bonté, quoiqu'il fût un peu fâché dans le fond du coeur de voir que les infiniment petits eussent un orgueil presque infiniment grand. Il leur promit de leur faire un beau livre de philosophie, écrit fort menu pour leur usage, et que, dans ce livre, ils verraient le bout des choses. Effectivement, il leur donna ce volume avant son départ : on le porta à Paris à l'Académie des Sciences ; mais, quand le secrétaire l'eut ouvert, il ne vit rien qu'un livre tout blanc : « Ah ! dit-il, je m’en étais bien douté. »
7.9
L'animale di Sirio sorrise: gli parve che costui non fosse il meno savio; e il nano di Saturno avrebbe abbracciato il discepolo di Locke, non ci fosse stato quell'enorme sproporzione. Ma per disgrazia c'era lì un animaletto in berretto quadrato, che tagliò la parola in bocca a tutti gli animaletti filosofi; disse che lui conosceva tutto il segreto, che la risposta si trovava nella "Somma" di san Tommaso, guardò dall'alto in basso i due abitanti celesti; gli dimostrò che le loro persone e i loro mondi e i loro soli e le loro stelle, tutto era fatto esclusivamente per l'uomo. A quel discorso i nostri due viaggiatorisi rotolarono l'uno sull'altro,soffocati da quell'inestinguibile riso che al dire di Omero è appannaggio degli dèi; spalle e ventre andavano e venivano; e in quelle convulsioni la nave che il Siriano teneva sull'unghia cascò in una delle tasche del Saturniano. Quei due galantuomini la cercarono un pezzo; finalmente ritrovarono l'equipaggio, e lo rimisero a posto ben bene. Il Siriano ripigliò i vermiciattoli; gli parlò ancora con molta bontà, benché in fondo al cuore fosse un pochino scocciato che quegli esseri infinitamente piccoli avessero un orgoglio quasi infinitamente grande.Promise loro che avrebbe composto un bel libro di filosofia, scritto in piccolo per loro uso, e che in quel libro avrebbe svelato l'essenza delle cose. Infatti prima di partire diede loro il volume: lo portarono a Parigi, all'Accademia delle Scienze; ma quando il segretario l'ebbe aperto, vide che il libro era tutto bianco:

"Ah!" disse, "mi pareva bene!



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